Le drame serbe : octobre 1915 - mars 1916

LA CAPITALE ERRANTE 87

cette comédie n’arrivait pas à distraire du drame qui avait suivi. Le désespoir était tel qu'on n'avait plus la force d’accuser.

Au siège du gouvernement, trois hommes se trouvaient encore : le vieux Pachitch, un de ses jeunes secrétaires d'État et un simple gendarme. J’ai vécu l'évacuation de Varsovie; la Russie se retirait de la Pologne, mais il restait encore la pensée d’un prolongement de vie sous une nouvelle domination. Après cette évacuation de Nisch, il semblait qu'il n’y eût plus rien de possible pour le malheureux pays que la mort. Mes pas résonnèrent dans les couloirs déserts comme un glas. Le jeune secrétaire d'État me dit : « Quand le sort vient de Dieu, les peuples n’ontqu'à s’incliner devant l'inévitable, Ce n'était pas le cas. Les Alliés, depuis un an, tenaient le destin serbe entre leurs mains. Depuis un an, nous avions prévu la conduite de la Bulgarie. Depuis un an nous avions dénoncé à l'Europe l’attitude sans équivoque de Sofia, les accointances du roi Ferdinand avec l'Allemagne,