Le drame serbe : octobre 1915 - mars 1916

96 LE DRAME SERBE

même deviendra trop lourd. Il faudra s’en défaire. On avait de belles maisons. Ons’en va. On dit : «Nous coucherons à l'auberge. » Il n y a pas d’auberge sur la dernière route de Serbie. On murmure : « Nous nous contenterons d'une grange. » Il y a cent places dans une étable, Mille existences attendent à la porte. Les provisions sont épuisées. On à vécu de pain sec puis de farine de maïs. Celle-ci à son tour devientintrouvable. On pense : « À Mitrovitza qui est une ville, nous aurons à manger. » Et à Mitrovitza il n yavait rien. On assiégait les boulangeries. Les Autrichiens arrivaient par le Nord, les Bulgares par l'Est. Le quartier général, un pauvre quartier errant, qui chaque jour devait fuir toujours plus loin, recula jusqu'à Mitrovitza. On était bloqué de toutes parts. Il restait comme seule porte de salut : l’AIbanie. La foule cependant, la foule cernée, affamée, en loques, ne croyait pas. Des mirages faisaient délirer les gens qui vous disaient : « Les Français remontent le Vardar; bientôt les Serbes rentreront dans