Le drame serbe : octobre 1915 - mars 1916

100 LE DRAME SERBE

Mais j'ai croisé aussi des choses bien touchantes. J'ai rencontré la Reconnaissance. Il y a sur le bord de la dernière route de Serbie une petite chaumière où vous arrivez à la nuit. Vous frappez, on vous ouvre. Vous tendez votre bon de réquisition. Alors ceux qui vivent là, un très vieux et unetrès vieille s'empressent autant que le permet leurs pauvres corps usés par l’âge. Ils savent que vous êtes Français. Vous avez beau vous défendre, les voilà qui vous offrent leur propre lit. Eux s’obstinent à ne pas prendre de repos. Toute la nuit à genoux devant votre couche, veillant sur votre sommeil, ils resteront là, murmurant de temps en temps comme une prière : « Franzus... C'est un Français... » Toute la descendance de ces ancêtres est à la guerre depuis quatre ans. Le fils, qui a plus de cinquante ans, veille là-bas avec le troisième ban, sur le pont de boisquetraversent les munitions que l’armée du Nord envoie à l’armée du Sud. Le petitfils qui est déjà un homme, combat sur le Vardar, avec la division de Boyovitch. Il y