Le drame serbe : octobre 1915 - mars 1916

112 LE DRAME SERBE

coiffés de leurs bonnets en peau de mouton. Quand les baïonnettes furent tordues, on s’assomma à coups de crosse. Quand cellesci furent brisées on se battit à coups de poings, avec les dents. On se battit dans la nuit du tunnel, dans l’eau du torrent. Des couples aux prises roulaient dans le ravin sans cesser de s'étreindre, Le peu de forces qui leur restait, ces couples l’employaient encore moins à se sauver qu'à se noyer mutuellement.

Et ce fut ce soir-là que je vis éclater la révolte albanaise, Je cantonnais dans un petit village au nord du défilé. Une maison arnaute m avait accueilli. Dans la chambre haute où jamais une femme n'entre, le chef à barbe blanche guettait par le trou de la meurtrière les derniers rayons du soleil couchant. C'était l'heure recueillie du « salam » pour tout bon Musulman. Comme le croyant allait se prosterner pour la prière, des coups de feu éclatèrent. « Ne bouge pas, me dit mon hôte, ce sont les Mirdites qui font parler la poudre. Les agents ger-