Le drame serbe : octobre 1915 - mars 1916

LES DERNIERS JOURS DE MONASTIR 117

Je suis entré dans l’église orthodoxe. Les popes étaient rangés dans le chœur, les cierges jetaient leurs lueurs douces sur l'or des vieux icônes. La messe se déroulait avec le calme, la pompe coutumières, Et l'ennemi qui avançait, l'ennemi qui était aux portes de la ville, l'ennemi qui d’une seconde à l’autre pouvait faire irruption dans la nef!... J'évoquais la dernière heure de Byzance, l’entrée des Turcs dans SainteSophie, le prêtre demeuré à l'autel et tué sur cet autel au moment même où il prononçait les mots du dernier sacrifice.

Dans l’église, il n’y avait pour tout public qu’une vingtaine de fonctionnaires. Ils étaient là, debout, les pieds joints, la main le long du corps dans la position militaire. Était-ce une messe d'anniversaire? Étaitce une parade d'exécution ?

À la sortie de la cathédrale, le colonel Vassitch me dit :

— Les Bulgares nous ont tournés au défilé de Babounas. Prilep est tombé entre leurs mains. Avec ce qu'il me reste de