Le drame serbe : octobre 1915 - mars 1916

118 LE DRAME SERBE

troupes, je puis encore tenir jusqu à l’arrivée des Anglais.

Les Anglais viendront donc? On le dit. 25.000 alliésarriveraient de Salonique. Salonique est à six heures de chemin defer. On reprend espoir. Là-bas, à Nisch, on attendait les Français ! Ici, onattend les Anglais! À onze heures, la nouvelle se répand que la Grèce refuse de prêter ses lignes ferrées.

Les dernières femmes serbes de la ville se hâtent vers la gare. Le train de Florina amène deux passagers seulement, deux soldats français qui convoient un canon et quelques caisses de cartouches. C'est là tout le renfort que les Alliés pourront envoyer à la Serbie agonisante!

À midi, le colonel Vassitch qui, soixante minutes plus tôt, m'avait dit : « Je puis tenir cinqjours », m'avoue cette fois : « C’est fini. Mes derniers hommes se replient. J’ai voulu contre-attaquer vers Topochani. Mes malheureux soldats ne tiennent plus debout. Voilà quarante-huit heures que nous n'avons rien mangé. »