Le drame serbe : octobre 1915 - mars 1916

LA BATAILLE DE LA CERNA 149

J'ai pensé aussitôt : « Ca ne va pas comme on veut par ici. » Un obus bulgare tomba dans larivière. Je passai sur la rive gauche. J'étais sur la ligne de feu.

Notre infanterie, par petits paquets, dans des troncons de tranchées parallèles, latérales, perpendiculaires même à la Cerna, attend l'attaque adverse, le fusil au parapet. L’ennemi est derrière la crête. Depuis une heure, il nous canonne, sans efficacité d’ailleurs, incapable qu'est son artillerie d'atteindre nos forces au fond de cetentonnoir. Sur notre droite, vers Gicevo, le bruit de la fusillade éclate et soudain la crête en face de nous s’anime, ondule, se fait vivante. Voici les Bulgares! Ils vont nous charger ! À 1.500 mètres, par salves ! Feu !

Mais qu'est-ce donc ? Le profil de la crête se fige à nouveau dans l’immobilité. L’ennemi s'est arrêté là, à découvert, face à nous, sous notre feu ? La moindre silhouette est visible à l'œil nu. Je suis à trente pas d'une batterie française. J'entends le com-