Le drame serbe : octobre 1915 - mars 1916

LA BATAILLE DE LA CERNA 153

assaillants des proportions fantastiques. Le troisième macédonien, car c'était lui, n’était plus qu'à 800 mètres de nos lignes. La batterie ennemie, qui au début de l’action s'était avancée à découvert pour nous tirer dessus à bout portant, se profilait, maintenant démontée, tordue, au sommet de la crête. Je pensais : « Si le courage des fantassins égale celui des artilleurs, nous allons passer un fichu quart d'heure! » Malgré moi, je tournai la tête vers notre chemin de retraite.

Chaque nouvelle bataille amène sa stupeur. Un spectacle incroyable s'offrait sur notre arrière. Imaginez, à 2.000 mètres à peine du combat, une trentaine de cavaliers, sans armes, en bourgeron, calot de police sur la tête et qui, pipe au bec, font du dressage à la queue-leu-leu, à la barbe du Bulgare! Ils tournaient en rond, comme au manège, virant, voltant, sans plus s'occuper des balles et des schrapnells que dans la cour d’une caserne de province! Le « Margis » qui avait conduit là, sur la ligne