Le drame serbe : octobre 1915 - mars 1916

68 LE DRAME SERBE

pages qui se retirent. L'étamine brillante, qui, hier encore claquait au vent, est pliée maintenant, se cache, roulée dans sa gaine. Celui qui porte la hampe et ceux qui l’entourent, s’en vont la tête basse. J'ai vu le passage des étendards vaincus sur les bords de la Morava. Quelle image poignante | Sauvez d’abord l'emblème de la patrie ! Puis vient le tour de ceux qui souffrent pour elle. L'’ambulance s'en va la seconde. Ailleurs on dispose pour cela d'automobiles rapides ou tout au moins de voitures à chevaux. Il y a des ressorts qui épargnent les secousses aux blessés. Il y a des couchettes pour recevoir les corps meurtris. Parfois il y a du confort, du luxe mème qui font paraître moins grande la douleur. lei, dans la division de Schoumadia, c’est en char à bœufs, sur la paille, que les membres brisés, les têtes trouées, les faces saignantes, s'acheminent vers les primitifs hôpitaux de l’arrière. lei, le chef de l’ambulance était une femme. J’ai vu passer en tête du convoi des souffrances lady Strowart, la grande