Le drame serbe : octobre 1915 - mars 1916

PREMIER JOUR DE RETRAITE 69

dame anglaise qui, depuis trois ans, sur les champs de bataille partage le sort de la Serbie. Lady Strowart était à cheval, vêtue de noir, les cheveux au vent, le revolver à la ceinture. Sa monture marchait derrière les étendards.

En troisième lieu venait l'artillerie. Des buffles aux cornes aplaties la tiraient sur la route cahotante. Puis, toujours au pas lent des bovidés, les indispensables équipages d'une armée s’en furent. Il y avait le télégraphe, la caisse, les munitions, les vivres des gens, les vivres des bêtes. Des vieux cassés par les ans guidaient les attelages. La file des chars était sans fin. Ca c'était le convoi militaire.

Car il y en avait un autre, et le premier rattrapa le second cinq kilomètres avant Palanka. Celui-ci était composé de la population en fuite. La population avait attendu la dernière minute, car les simples ne croient pas au malheur. Les simples aussi possèdent une âme faite d’un tas de petites habitudes, Ceux-là qui fuyaient