Le drapeau du 27e régiment d'infanterie

NOS ANCIENS DRAPEAUX 17

tille; le long des quais et des boulevards, défilèrent, mêlées au peuple de Paris, pendant toute une journée.

Après le Coup d'Etat, le prince Louis-Napoléon décréta (31 décembre 1851) que « l'aigle française » serait rétablie sur les drapeaux de l’armée. Une nouvelle distribution fut dès lors décidée, et la section historique du Ministère établit, pour chaque corps, la liste des batailles dont son drapeau devait conserver lesnoms (1). Le 10 mai 1852, le colonel Vergé, accompagné d'un capitaine, un lieutenant, deux sous-officiers, deux caporaux et deux soldats d'élite, alla recevoir au Champ de Mars, des mains du nouveau chef de l'Etat, une aigle portant, d’un côté, l'inscription : « LouisNapoléon au 91e Régiment d'Infanterie », et de l'autre, sous le chiffre R.F., les noms des victoires: « Fleurus, 1194, — Hohenlinden, 1800,— Iéna, 1806, — Dresde, 1813, — Chiclana, 1823. » Nous savons tous de quelle gloire le drapeau du 27° se couvrit à Sébastopol. C'est en lambeaux qu'il revint d'Orient, tout criblé de blessures et tout noir de poudre. La campagne d'Italie (1859) vint encore l’achever. Pendant une marche, un fragment tomba à terre et fut pieusement recueilli (1862) par le lieutenant Colin (il figure aujourd'hui dans notre salle d'honneur). Enfin, le 27 novembre 1864, un ordre spécial de l'Empereur prescrivit son remplacement. Il fut versé à l'artillerie (1866) et sur le nouveau drapeau, on ajouta les noms: « Alma, Sébastopol. »

Ce devaient être, hélas! les dernières victoires de nos trois couleurs. La terrible guerre de 4870 ne donna pas au Régiment l’occasion d'ajouter un nom de plus à sa légende. Le 27°, après avoir couru de Lyon à Strasbourg, puis de la frontière du Rhin au camp de Châlons pour marcher ensuite sur Mézières, se trouva, une nuit, enfermé avec toute l'armée, dans la vallée de

(4) Tradition datant de la campagne d'Italie, en 1796, où Bonaparte avait composé lui-même les légendes des régiments qui s'étaient distingués.