Le général Duphot : 1769-1797 : avec un portrait

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que, pour une jeune fille, c’est la mode du temps de « se rebaptiser pour son amant, de porter pour lui seul un nom qui n'ait point été prononcé par d’autres lèvres (1) ». Mais bientôt le temps et l'éloignement font leur œuvre ; les lettres de Désirée deviennent plus rares. Napoléon s’en inquiète. Son voyage à Paris n’a point été inutile; après une période de pauvreté fièrement supportée, il vient d'être, en juin, réintégré dans son grade de général et attaché au comité de la guerre. Mais ce n’est pas cette situation reconquise et dont il connaît par expérience l'instabilité, qui le fera renoncer à ses projets de mariage.

Dans toutes ses lettres à Joseph, il se plaint, d'abord avec douceur, puis avec quelque amertume, du silence de Désirée. « Désirée me demande mon portrait; je vais le faire faire. Tu le lui donneras si elle le désire encore, sans quoi tu le garderas pour toi. » (24 juin 1795. — Corresp., t. I, p. 60.) «Il

faut que, pour arriver à Gênes, l’on passe le

(1) F. Massox, Napoléon et les femmes, chap. u.