Le général Duphot : 1769-1797 : avec un portrait

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longue durée. Et pourtant, les triomphes de la campagne d'Italie, qui s'ouvrit sur ces entrefaites, eussent été de nature à la raviver en apportant à Désirée la révélation de la prodigieuse fortune qu'elle avait manquée. Mais chacun, autour d'elle, s'ingéniait à la distraire et, à Gênes, les occasions ne manquaient point (1). Lorsque, après Léoben, Julie dut suivre Joseph au château de Mombello où Napoléon les appelait, Désirée, restée seule avec sa mère et son frère Nicolas, trouva en Mme Faypoult, femme du ministre de France, une seconde sœur. Les réceptions des Faypoult étaient fort suivies. Désirée, par sa beauté encore teintée d'une mélancolie qui lui allait à ravir, fut tout de suite la reine de ces salons où fréquentaient la colonie francaise, des étrangers de haut parage et les officiers de l’armée d'Italie de passage à Gênes. Mme Faypoult, qui s'était promis de la marier, voyait avec joie aller à sa jeune amie des hom-

(1) « Je ne sais qui m'a dit que vous vous amusiez infiniment. Je vous fais mes compliments; je n’eusse pas cru Gênes aussi gai. » Lettre de Napoléon à Joseph, du 9 août 1795. (Mémoires de Joseph, t. I, p. 140.)