Le général Duphot : 1769-1797 : avec un portrait

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desseins des révolutionnaires. Depuis l’arrivée au pouvoir de ce grand seigneur, aux manières douces et polies, d’ailleurs ami sincère des Français, que sa petite taille a fait surnommer « le bref du pape » , le Saint-Siège ne sait que marcher de concessions en concessions et cède apeuré devant toutes les sommations de Joseph. Quelques révolutionnaires ont été arrêtés pour avoir célébré trop bruyamment le traité de Campo-Formio. Il suffit à l'ambassadeur de réclamer leur élargissement pour l'obtenir. Dix-huit autres démocrates, parmi lesquels le célèbre accoucheur Angelucci, les frères Bouchard, libraires français, le marquis Vivaldi, convaincus de conspiration contre le gouvernement pontifical, sont, depuisle mois d'août, incarcérés à Civita-Vecchia. Plusieurs fois déjà, Joseph, qui dans son enthousiasme les compare aux « Brutus et aux grands hommes de l'antiquité (1) » , a vainement intercédé en leur faveur. Le gouvernement, dont on comprend l'hésitation, ne se soucie pas de rendre à la

(1) Lettre de Joseph au Directoire, du 10 septembre, citée dans les Mémoires d'un homme d’État, t. V, p. 179.