Le général Duphot : 1769-1797 : avec un portrait

16 LE GÉNÉRAL DUPHOT

pharmacien Morando, se soulevèrent en masse. Ce fut, durant plusieurs heures, dans les rues étroites et escarpées de Gênes, une mêlée furieuse. Le gouvernement, aidé des paysans auxquels s'étaient jointes les deux puissantes corporations des portefaix des quais et des charbonniers de l’Apennin, eut finalement le dessus. Mais comme, au cours de l’émeute, une trentaine de Français avaient péri, que notre ambassadeur Faypoult avait été insulté et mis en joue dans son hôtel, Bonaparte, feignant une violente colère, dépêcha à Gênes, à franc étrier, son aide de camp Lavalette. Celui-ci, le 29 mai, pénétrait de force dans la salle du petit conseil, où aucun étranger n'avait jusqu'alors été admis, etlà, en grand uniforme, le sabre au côté, avec au bras gauche l’écharpe de soie blanche et rouge des aides de camp du général en chef, dictait aux sénateurs stupéfaits les conditions de Bonaparte : élargissement des prisonniers français, désarmement général, livraison des trois inquisiteurs d’État, le tout dans les vingt-quatre heures; faute de

quoi, concluait le message, «le ministre sortira