Le général Maupetit : discours de réception prononcé à l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Lyon, dans sa séance publique du 9 juillet 1895

14 LE GÉNÉRAL MAUPETIT

Malgré son énergie, ses forces faiblirent et l’abandonnèrent. Il sentit qu'il ne pouvait plus travailler vingt-quatre heures par jour, ni faire face à tous les embarras qu'il avait sur les bras. Vaincu par l’insomnie, le climat, ses blessures, il demanda son rappel.

Ses états de service étaient trop brillants, son dévouement op connu pour qu'on n'y eût pas égard: sa demande était op juste pour qu'on ne l’exauçât pas de suite. On le rappela en lermes flalteurs et:1l revint avec tous les honneurs dus à son mérile el à sa position.

Le Gouvernement lui donna un poste honorable, tranquille, dans un riche et beau pays, le commandement du département de l'Orne avec la résidence d'Alençon.

Il espérait s’y remettre, mais il était trop tard.

Le corps était vaincu, l'organisme usé. À peine arrivé, il s’alta, languit, el s'éleignit le 13 décembre 1811, malgré les soins, la tendresse, la douleur d’une jeune épouse digne de lui.

Cette noble femme, sa parente, n'était sa compagne que depuis deux ans.

La consternation fut grande à son convoi.

Il avait trouvé, en arrivant, huit cents prisonniers faits par lui en Espagne et qui subissaient une sévère captivité dans les prisons d'Alençon.

Il avait de suite adouci leur sort, et cette humanité avait caplivé tous les cœurs. Ce furent done de véritables larmes qui coulèrent à ses funérailles.

On rappela sur sa tombe qu'il avait été surnommé : « un second Bayard, à cause de ses vertus et de sa valeur », éloge aussi sublime que bien mérité.

L'armée française lui donna les regrets les plus sincères et les paroles du souverain, à l’apogée de sa gloire, retentirent comme une glorification sur son tombeau.