Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

CHAPITRE DEUXIÈME. 107

Touchina. On trouve sur son parcours le pont des Uscoques (Uskochit-Môst). Les rives de la Touchina, de la Boukovitsa, du Potok et de la Mokra sont inabordables ; aussi ce serait en vain qu'on essayerait d'établr dés

onts sur ces rivières ; elles constituent donc pour le Monténégro des lignes stratégiques de la plus haute impor-

tance. Sitoutes ces rivières charrient en hiver et plus encore

au printemps un volume d’eau considérable, plusieurs

d'entre elles sont, au contraire, fréquemment à sec pendant l'été; presque toutes ont, comme nous l'avons vu, le lac de Scutari pour aboutissant. Celui-ci doit donc être considéré comme le réservoir intermédiaire, entre la mer et l’intérieur du pays, de toutes les eaux venant des montagnes du Monténégro et d’une partie de l'Albanie. Mais comme d'autre part il n’a que la voie de la Bojana pour se débarrasser de masses d’eau aussi considérables se précipitant à certaines saisons de tous les versants voisins, son niveau est sujet à de singulières variations. Tantôt celui-ci s'abaisse de facon à laisser complétement à sec des espaces considérables en dedans des rives naturelles du lac; tantôt au contraire le Skadarsko-Blato, faisant refluer ses eaux vers les rivières mêmes qui l’alimentent, force celles-ci à sortir de leur lit, de telle sorte quelaMoratcha, inondant la plaine de Zéta, répand jusqu’à Jabliak ses flots déchaînés, et que la Tsernoiévitja Riéka, mieux contenue dans son long défilé, change la direction de son courant et, réalisant la véhémente image du Psalmiste, remonte en toute vérité vers Sa source.

À toutes les époques les rivières du Monténégro, et spécialement la Zéta, la Moratcha et la Tsernoïévitja-