Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

122 LE MONTÉNÉGRO CONTEMPORAIN.

bien avant que la suivante soit sortie des vignobles.

Une partie de la principauté, spécialement la Liéchanska, la Tsernitsa etles Biélopavitj, est excessivement propre à la culture du tabac, et celui du Monténégro jouit du reste d'une réputation méritée dans le voisinage. À cet égard, le pays n'est tributaire de personne, et il peut même exporter soit à Scutari, soit à Podgoritsa, une certaine quantité de feuilles non encore maänipulées. L'entretien de nombreux troupeaux et la conservation d'une certaine quantité de viande et de poissons, exigeant des achats considérables de sel, la principauté avait à solder chaque année une somme assez considérable à l'Autriche et à la Turquie, pour assurer son approvisionnement par leur intermédiaire. Dans le dessein d’affranchir le pays de taxes très-onéreuses, relativement à son extrême pauvreté, le gouvernement monténégrin envoya, en 1867, à Constantinople, le sénateur Juro Matanovitj, chargé d’intercéder auprès de la Porte à l'effet d'obtenir le transit en franchise du sel arrivant au Monténégro par le territoire ottoman. Cette mission ayant heureusement abouti, la Porte autorisa le Monténégro à transporter annuellement par la voie de la Bojana et de Seutari, avec franchise de tout droit dé douane, la quantité considérable de deux millions d'otques de sel (plus de six millions de livres).

Une concession aussi importante et aussi avantageuse forçait moralement les Monténégrins de respecter d'autant plus les droits internationaux, relativement à un produit qu'ils recevaient de Sicile à un prix excessivement minime. Nonobstant, le sel entré au Monténégro par le lac de Scutari devint immédiatement l'objet