Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

CHAPITRE DEUXIÈME. 121

fumé et de castradina!, c'est alors le luxe dans sa maison, luxe plus que spartiate devant lequel nous recuJerions avec horreur. Aussi, bien grands sont ses soucis quand les pluies printanières ont fait défaut, et si la fête de saint Georges à joui d’un ciel serein, on commence à mal augurer de l’année, car l'automne trouvera la réserve annuelle épuisée, et les greniers publics sont, de Jeur côté, aussi vides que possible.

Bien que la nahia de Tsernitsa produise une certaine quantité d’eau-de-vie, celle-ci est plus qu’insuffisante pour les besoins, et du reste son prix est trop élevé* pour qu’elle puisse être de consommation commune: elle est réservée aux grands personnages du pays, et spécialement au prince auquel il est d'usage d'en offrir ainsi qu’à sa suite quand il parcourt la contrée. Les Monténégrins se contentent ordinairement des eaux-de-vie étrangères, véritables poisons, dont le gouvernement devrait bien arrêter l'importation en les soumettant à une taxe sévère, tirant ainsi du goût assez vif des montagnards pour les liqueurs fortes une source précieuse pour alimenter son faible revenu. Les vignes de la Tsernitsa produisent un vin excellent que, faute d'ustensiles et de caves, les habifants ne peuvent garder; les soins et l'industrie pourraient, en le conservant, en quadrupler la valeur; mais au contraire la récolte de chaque année est consommée

! Viande de mouton ou de chèvre salée et fumée dont nous décrirons ultérieurement la préparation.

? 11 s'élève quelquefois jusqu'à 2 talaris la mesure de deux litres et demi dite botza dans le pays ; dans les bonnes années le prix ordinaire de cette mesure est de 6 swantzigs (5 francs) pour l'eau-de-vie de première qualité, puis 5 et 4 swantzigs pour les caux-de-vie moins raffinées. Cattaro expédiant des eaux-de-vie moins chères de moitié que celles-ci, la consommation en est considérable,