Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

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ralement jonchés de pierres au moment où la neige les abandonne, et que l'on soupçonnerait à peine capables de produire la ronce et le chardon, apparaissent à l’automne transformés en champs de maïs et de pommes de terre. D'autres fois encore le Monténégrin a remarqué entre les rochers une petite excavation dont la disposition a frappé sa sagacité. Il y transporte l'humus trèsriche accumulé dans toutes les anfractuosités voisines ; le vide se comble, le fond s'élève et bientôt c’est une microscopique pépinière d'où l'année suivante il tirera tous ses plants de légumes ou de tabac. Des épines, savamment disposées, protégent sa petite richesse; il n’est pas d'industrie qu'il n'emploie pour mener à bonne fin son pénible labeur‘. Toute la question d'existence matérielle du Monténégrin se réduit pour ainsi dire à deux produits qui sont la base et trop souvent même le résumé de toute son alimentation : le maïs et la pomme de terre. Que cette double récolte manque, c'est la famine; qu'elle soit abondante, c'est la subsistance annuelle assurée. La sobriété du montagnard est felle en effet que cette maigre pitance suffira pendant de longs mois à son robuste estomac ; s’il peut y ajouter le lait caillé, dont il est fanatique, un peu de poisson

4 La vicomtesse Strangford, voyageant au Monténégro, admire cette ingénieuse ct infatigable industrie du montagnard (ingénious and untiring industry) et peint ainsi d'une façon charmante ce travail de termites : «On a ledge of rock, in a litile depression between two rocks, in a niche, in a mere crevice, in short every where within possibilities, a little field has been made : the stones picked off, the rocks torn ouf, and perhaps earth added artificially, and behold, a patch of potatoes or of maizc i nothing else seems grown here, but I declare that Ï saw many flourishing little crops not a yard square. And all this is done by the women, the men never assist in the simply agricultural work. (Il est faux pourtant de dire que les hommes ne participent point aux travaux de l'agriculture.)