Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

CHAPITRE DEUXIÈME. 119

dans les anfractuosités de la roche elle-même, dans les profondes fondrières où l'humus, entraîné par les eaux et descendu des montagnes, s'était accumulé, qu'ils jetèrent les premières semences. Çà et là s'offrirent heureusement quelques petites plaines, véritables oasis enserrées dans les rochers, qui devinrent les greniers d'abondance du pays et autour desquels se groupèrent régulièrement les villages : ainsi s'élevèrent les centres de Niégoche, de Tsettinjé, de Tchevo, de Grahovo et d'autres encore.

Aujourd’hui, en en exceptant toutefois la belle plaine des Biélopavitj, le Monténégro offre partout les signes de la courageuse obstination avec laquelle son peuple continue de disputer aux éléments le maigre Lerrain qu’il réussit à exploiter. Aussi le voyageur qui traverse pour la première fois la Tsernagore, est frappé surtout par la présence d'une multitude infinie de petits champs, le plus souvent irréguliers , suspendus en quelque sorte aux flancs des montagnes et dont des murs de soutènement maintiennent seuls la terre péniblement amassée.

M. Lenormand dit avec une grande vérité : « Partout où la bêche ou la houe peuvent mordre, sur les pentes les plus eséarpées, comme dans les vallées les plus étroites, la culture a pris pied. L'orge, l’avoine, le maïs, les pommes de terre sont les seules plantes que le terrain permette d’ensemencer avec succès; mais, grâce au travail persévérant de sa population, la Montagne-Noire en produit assez, non-seulement pour nourrir ses habitants, mais encore pour fournir à la subsistance de la ville voisine de Cattaro. » Souvent, ainsi qu'on le voit dans la plaine de Tsettinjé, de grands espaces de terrain litté-