Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

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santes et de répandre ses attraits sur son précoce développement, elle flétrit prématurément dans le travail toutes les fleurs de son printemps; femme, elle achève rapidement dans les devoirs du mariage, devenu pour elle une domesticité, et dans les soucis de la maternité, la ruine de sa beauté fugitive, et le naufrage des rêves de son adolescence. Sous ces traits flétris et tirés, sous ce masque d’une maturité hâtive, cherchez et vous trouverez souvent une femme de vingt-cinq ans, sur laquelle un labeur forcé a mis le cachet d’une étrange et rebutante masculinité. Au physique, la femme monténégrine est généralement de taille moyenne, massive, dénuée de toute élégance dans les allures et le maintien. Sa démarche pesante, son pas allongé, l'inciinaison de sa taille, le port même de sa tête presque toujours humblement inclinée, tout trahit chez elle l'habitude des pénibles travaux et celle des longues marches dans les montagnes, sous le poids de lourds fardeaux. Rien dans ses actes, dans ses gestes, ne rappelle cette légitime assurance, cette confiance en soi-même que donnent à la femme, chez les peuples vraiment civilisés, l'exercice des droits sacrés qui lui sont reconnus ef, au vis-à-vis de l'homme, le sentiment de son égalité. La Monténégrine voit dans son père, dans son frère, dans son mari, des êtres supérieurs, devant lesquels elle doit trembler, obéir et se taire; l'homme, à son tour, se plaît à exagérer les formes d’un despotisme dont un faux point d'honneur l'empêche seul souvent d'affranchir sa compagne:

Bien qu’une beauté parfaite soit rare chez les femmes de la Montagne-Noire, on trouve néanmoins quelquefois parmi elles des’ types remarquables par leur finesse el leur régularité. Les caractères de la race serbo-slave sont