Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

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Enfin, quand le montagnard, se mettant en route, à besoin de prendre avec lui quelques provisions , il emporte la torbidza, petit sac de laine dont la femme se sert également, et dans lequel on entasse pêle-mêle du pain, du maïs, du fromage, de l'oignon et du poisson salé.

Les Monténégrins usent fort peu de linge blanc; l'homme du peuple ne quittera guère la chemise neuve qu'il a revêtue, que lorsqu'elle tombera en lambeaux ; l'usage du mouchoir de poche lui est totalement inconnu, et fréquemment l'individu avec lequel on converse se détourne pour se moucher en utilisant les moyens les plus primitifs que la nature ait mis à sa disposition. La partie la plus importante du costume des femmes monténégrines est le Loret, sorte de longue basquine sans manches, légèrement pincée à la taille et descendant à mi-jambe. Il est toujours blanc comme la gougne et confectionnée avec les mêmes draps. Suivant la qualité des personnes, le koret est plus ou moins recouvert de broderies d'or à ses coins et sur ses bords, et vaut généralement de trois à six ducats, Peu de femmes sont à même de porter la yaketa brodée d’or comme celle des hommes , et d'un prix tout aussi élevé; ce luxe ne se voit guère que dans les familles des sénateurs et dans la maison princière elle-même. La yaketa se transmet de mère en fille, et on ne la porte, du reste, que dans les grandes circonstances, La jupe est généralement blanche ou de couleur très-voyante; le corsage est remplacé par la chemise turque à larges manches, garnie de galons d’or ou de laine.

Une partie essentielle du costume des femmes est le tablier ou traversa fait de soie ou d'étoffe éclatante ; c'est