Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

CHAPITRE CINQUIÈME. 153

nous n’eussions vu accomplir sous nos yeux des tours de force plus étranges encore ‘.

En outre de ses armes, le Monténégrin porte encore dans le kolan la baguette ou arbia avec laquelle il charge ses pistolets, et qui constitue en même temps une pince avéc laquelle il prend le feu pour allumer son tc:ibouk.

Derrière la ceinture sont suspendues Les #ésé ou cartouchières, composées de deux ou trois pièces ou boîtes , le plus souvent en cuir frès-épais , quelquefois en argent massif artistement travaillé, et atteignant alors une valeur de quarante à cinquante ducats.

La longue pipe ou {chibôuk est encore un vade mecum du montagnard tsernogortse; fréquemment il se sert de son long manche comme d'un levier qui, passé sur l'épaule droite et fortement maintenu par la main du même côté, soutient en arrière et maintient en équilibre le fardeau quelconque qui repose sur l'épaule opposée. Le Monténégrin, en effet, ne porte jamais rien sur le dos, ce qui l'assimilerait aux femmes et le déshonorerait ; il place sa charge sur l'épaule gauche et en décompose le poids au moyen de l’artifice que nous venons d'indiquer.

La petite pipe turque ou cratki tchibouk , à fourneau très-étroit, est aussi d'un fréquent usage; mais notre pipe vulgaire ou sinsia est tout à fait inconnue. Le portecigarettes, mouchtikla et tchiboukchitchi, n'appartient guère qu'aux gens de distinction. Chacun porte à la ceinture sa blague à tabac ou tabolats, et dans une petite pochette, appelée fchiésisa, le briquet, la pierre et l'amadou.

1 Tels que trancher d'un seul coup trois moutons rôtis superposés et abattre la tête d'un jeune taureau. 10