Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

CHAPITRE CINQUIÈME. 175

plutôt un objet de luxe que d'utilité, aussi il accompagne toujours la plus grande toilette. La chaussure féminine est également l'opanké ; néanmoins les élégantes de la petite capitale commencent à porter des bottines ou des souliers découverts. Les grands bas portent le nom de hietchvé.

Le genre de vie demi-sauvage de la femme tsernogortse, la nécessité où elle est de n'éprouver aucune gêne dans ses mouvements, lui interdisent de se plier à l'étreinte du corset, ce dont quelques pessimistes la loueront peutêtre; mais les détracteurs de cette partie si essentielle du costume féminin n’ont qu'à aller voir au Monténégro si la femme gagne véritablement à rendre à la nature toute sa liberté.

La ceinture monténégrine ou poias, portée par les femmes d’un certain âge, est une sorte d’énorme carcan de douze centimètres de hauteur, composé de gros chatons de cornaline enchâssés dans le cuivre ou l'argent, le tout monté sur une pièce de cuir épais; elle constitue un harnais plutôt qu’un objet de luxe, et son port seul est un fardeau; aussi, pendant leurs voyages, les matrones s’en débarrassent volontiers aux dépens de l'âne ou du mulet qui les accompagne. Cette ceinture ne pouvant être serrée à la taille, à raison de sa largeur et de son poids, retombe lourdement sur le ventre, laissant entre elle et la taille un grand vide, que la Monténé. grine transforme en un véritable magasin où elle entasse tout ce qui l'embarrasse.

Les orfévres de Scutari confectionnent néanmoins des ceintures en argent, légères et élégantes, qui complètent avantageusement le costume des femmes de la haute classe. Quant à la poias nationale, quand elle est en