Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

176 LE MONTÉNÉGRO CONTE MPORAIN.

belles cornalines et montée sur argent, son prix peut aller jusqu’à quarante ducats et même plus.

Jusqu'au jour de leur. mariage, les femmes tsernogortses portent la même coiffure que les hommes, c’està-dire la kapa ou kapitsa; mais à partir de ce moment la kapa est remplacée par le marama, grand mouchoir de soie ou de laine qui cache complétement les cheveux et retombe en arrière jusqu’à la ceinture, en recouvrant les épaules et formant une sorte de voile comparable à celui de certaines congrégations religieuses. Le’ marama fait perdre à la femme une grande partie de ses avantages en lui supprimant l’ornement naturel de sa belle chevelure, dont elle pourrait, sansapport étranger et sans le secours d'aucun art, se faire une magnifique parure. Le mouchoir de tête peut-être de couleur variée, mais il est toujours noir pendant le deuil. »

Le vêtement des femmes tsernogortses dans son ensemble est véritablement pittoresque et très-gracieux quand il est bien porté; s'il réunit à la finesse et à la beauté des tissus l'éclat du velours et des broderies, il forme un ensemble dont les reines de la mode de n0$ capitales pourraient être jalouses.

Les anciens guerriers serbes et hongrois portaient ordinairement le kalpach, dont l'usage a presque disparu. Au Monténégro, en particulier, depuis le prince Danilo qui le revêtait encore fréquemment, on ne le voit plus apparaître que très-rarement dans les cérémonies. {5 La coiffure véritablement nationale des Tsernogortses est la Æapa, que nous ne saurions oublier dans cette description, car elle a sa légende : légende qui résume en quelque sorte le passé et l'avenir du pays. C'est une calotte de drap rouge haute de sept à huit centimètres,