Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

CHAPITRE CINQUIÈME. 177

à bord droit et à fond plat. Dans toute sa hauteur elle est recouverte par une bande de soie noire qui se termine en se plissant sur le pourtour du fond, et en empiétant légèrement sur celui-ci. Du bord de cette plissure, se détache en broderie sur le fond rouge un demidisque d'or entouré d’une auréole. Telle est la kapa populaire ; pour les dignitaires, elle est ornée en outre sur le devant d'une plaque métallique en cuivre doré ou argenté représentant, pour les sénateurs et aides de : ‘camp, les armes de la maison princière, et, pour les autres employés ou chefs militaires, soit une couronne, soit le chiffre du souverain. © La kapa est une coiffure infiniment peu propre à pro% téger la tête contre les ardeurs du soleil et les intempéries de l'atmosphère, surtout chez un peuple dont tout le travail est extérieur ; néanmoins le montagnard qui la revêt dès sa première enfance ne la changera jamais. Quant à la légende, la voici : le fond rouge de la kapitsa, c'est le lac de sang où, depuis Kossovo, resta plongée la Tsernagore luttant perpétuellement pour son indépendance ; la noire bordure signifie qu'un voile de deuil est étendu sur le pays; le disque d'or émergeant de ce crêpe funèbre et entouré d'une auréole, c’est le soleil monténégrin se levant sur un horizon sanglant, et qui bientôt va couvrir et réchauffer de ses rayons la patrie serbe renaissante et régénérée.