Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

CHAPITRE VI.

La vie réelle en Tsernagore. — L'habitation. — Les jeux. — Enfance et adolescence. — Les Pobratim. — Une journée de Monténégrin. — La guzla. — La mort. — Épisode.

Deux conditions sont surtout indispensables à qui veut faire bien connaître un pays, un peuple, un gouvernement étrangers :-c'est, premièrement, d’avoir vécu longtemps dans ce pays, au milieu de ce peuple, sous l'influence des lois de ce gouvernement; c'est, en second lieu, de s'être pénétré des mœurs, des institutions, de l'histoire, de la langue, de la littérature, de la civilisation, en un mot, de cette grande famille humaine aux secrets de laquelle on prétend initier son lecteur. Sans la réunion de ces deux conditions, on ne saurait réaliser qu'une œuvre plus ou moins savante, poétique ou humouristique, suivant la donnée du sujet, mais toujours éloignée de la vérité.

Il en est du Monténégro comme de beaucoup d'autres contrées dont la description appartient à des voyageurs fantaisistes, plus préoccupés de l'impression à produire que de l'exactitude des faits. Aussi ce petit pays n'est apparu que rarement avec la physionomie qui lui appartient réellement. Initié par un long séjour dans la Montagne-Noire aux mœurs de ses habitants, dont l'idiome est aussi la langue maternelle de l’un de nous, nous avons vécu en quelque façon de cette vie que nous voulons reproduire dans toute sa singularité. Mais avant d'aborder