Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

CHAPITRE SIXIÈME. 179

l'étude des questions intéressant la constitution même du pays, Son gouvernement, sa religion, ses mœurs, suivons Je Monténégrin dans son habitation et dans sa vie journalière ; plus tard nous le retrouverons sur un théâtre plus élevé, où son rôle deviendra tour à tour politique, religieux ou militaire. ;

C'est le plus souvent sur des sommets d'un accès difficile, ou bien en les adossant à la montagne même qui pouvait leur servir de suprême refuge, que les Serbes émigrés au Monténégro, après la ruine de leur empire, construisirent les pauvres villages qui leur servirent d'asile, et que leurs enfants continuèrent d'édifier les centres où se groupèrent successivement les membres d'une même famille ou plutôt d'une même parenté ( Bralsvo). Aussi dans aucun de ces villages il ne faudrait chercher une certaine régularité ou quelque uniformité dans les constructions. Les cabanes monténégrines, presque toujours isolées, apparaissent çà et là, dispersées sur un mamelon ou s’éfageant en amphithéâtre à l’extrémité d'un vallon, dont on s'est bien gardé de ravir à la culture la moindre parcelle de terre labourable. Quelquefois, ainsi qu'on le voit à Dôni-Kraï, dans la plaine de Tsetlinjé, les maisons, semées au milieu des rochers, semblent de loin se confondre avec ceux-ci, et, de près, apparaissent comme des réduits crénelés, derrière lesquels on peut impunément braver le feu des assaillants. Chaque village pouvait donc à son tour se transformer en forteresse, et, plus tard, quand l'incendie avait détruit les toitures de chaume et les misérables clôtures, il suffisait de quelques journées de travail pour rendre au montagnard l'abri modeste dont il savait se contenter.

Les douze années de paix relative dont vient de jouir