Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

CHAPITRE SIXIÈME. 181

naire; autour de ce foyer primitif s'élève souvent un gradin circulaire fait de pierres cimentées ou simplement de terre battue, et sur lequel prennent place les visiteurs ou les convives. Dans un coin de la chambre se dresse sur ses quatres pieds massifs, grossièrement faillés à coups de hache, un large lit (odar ou postelja), en forme de tiroir, où deux où trois personnes reposeront à la fois sur une grossière paillasse, et plus souvent encore sur la paille nue elle-même. Une table ronde de quelques décimètres de hauteur ne pouvant guère recevoir que la vaste gamelle où chacun puise à volonté, le plus souvent avec les doigts ; de petits bancs de bois en forme de trépieds, appelés stolifsé; une grande caisse en façon de bahut, peinte de couleurs vives, achetée, soit à Scutari, soit au bazar de Riéka, et contenant tous les vêtements de la famille; quelques vases en terre ou en fer, un peu de vaisselle ébréchée, un seau de cuivre pour aller à la provision d’eau ; un ou deux barils d'une contenance d'une quarantaine de litres, que les femmes chargent facilement sur leur dos, après les avoir remplis au puits ou à la fontaine ; un mortier de bois ou de pierre pour écraser le maïs; une sorte de plat très-épais en argile, surmonté d'un couvercle en tôle et servant à la cuisson du pain; de grosses couvertures roulées cà et là, et qu'on déploiera pour passer la nuit autour de l’âtre; enfin, quelques fagots entassés dans un coin : tels sont les divers objets qui complètent l'ameublement plus que modeste de cet intérieur spartiate. Mais il est rare que la piété des habitants n’ait pas trouvé les moyens de se procurer quelques images plus ou moins grossières de la Vierge et des saints, devant lesquelles on se signe respectueusement et l'on fait brüler de petits cierges, dès que quelque MT: