Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

182 LE MONTÉNÉGRO CONTEMPORAIN.

De menace la famille ou que la maladie fait son ap_parition dans la maison. À l'exception de quelques maisons 5 de la capitale où,

comme nous l'avons dit, les constructions tendent à s'approprier un peu aux usages européens, on peut dire que la cheminée manque absolument dans les habitations monténégrines. Du matin jusqu’au soir, et souvent du soir au matin, la fumée de l’âlre se répand en toute liberté dans la chambre commune, noircissant les meubles, les murailles et les solives, qui finissent par prendre une teinte uniforme, et s’échappant à travers les joints des tuiles ou les interstices du chaume. Accroupi le plus souvent autour du foyer ou assis sur la stolitza, le montagnard évite ainsi en grande partie les atteintes de cette fumée, qui ne séjourne que très-raréfiée dans les couches inférieures de l'atmosphère de l'appartement; il échappe, par conséquent, aux influences dangereuses qui autrement en résulteraient pour lui, aussi bien au point de vue de l'intégrité de l'œil que de l'exercice des fonctions respiratoires. C’est donc tout à fait à tort que l'on a accordé au Monténégrin une innocuité absolue à - vivre dans une atmosphère constamment enfumée. Un observateur plus attentif n'eût point écrit ce de nous lisons dans une petite nolice sur le Monténégro ” : « ‘Assis sur une pierre ou sur un escabeau au coin dece foyer primitif, ils restent là des heures entières à raconter léurs exploits tout en fumant leur tchibouk, sans que l'épaisse fumée de leur bois vert leur pique la gorge ou ies yeux, ou leur irrite les bronches. C’est là, on en conviendra, un exemple bien remarquable de la puissance de l'habitude. »

? Le Monténégro : Le pays et ses habitants. (Boulongne, Paris, 1869.)