Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

CHAPITRE SIXIÈME. 183

L'auteur de ces lignes eût dû remarquer que le Monténégrin évite de rester debout au milieu du nuage de fumée qui s'élève de l’âtre, et que, s’il passe de longues heures autour de son foyer, c'est à la condition de se maintenir dans une zone très-basse où la famée ne l’atteint presque pas. Nous ajouterons enfin que les circonstances nous ayant forcés nous-mêmes de passer à mainte reprise de longues soirées autour du feu monténégrin, nous n'en avons jamais été sensiblement incommodés, bien qu’aucune initiation ne nous eût préparés à cette épreuve. Ce n'est pas à dire pourtant que l’action même mitigée de la fumée de l’âtre n'ait point un retentissement sur l'état de l'œil. Il est peu de Monténégrins, en effet, qui ne présentent, à un plus ou moins haut degré, cette affection décrite par les chirurgiens sous le nom de ptérygion, et qui, extrêmement répandue dans certains pays, ainsi qu'elle l'est au Monténégro, a pu jy faire considérer en quelque façon comme endémique, alors que probable ment elle dépendait d'une cause analogue à celle que nous avons signalée plus haut. La fumée répandue dans les habitations monténégrines a, du reste, ce grand avantage de servir. à la préparation des viandes et du poisson de consérve , et de déposer dans tous les coins une couche de st qu ui, par les produits qu’elle renferme, et spécialement par la créosote et le goudron, devient un agent essentiellement conservateur des solives et des claies de la cabane, en même temps qu’un obstacle à la pullulation des mille insectes qui n’ont que trop de tendance à faire élection de domicile chez les montagnards tsersnogortses. £ ÿ C'est donc au sein du rustique asil ‘que nous venons de décrire que va s’écouler l'enfance oisive du jeune

Eu