Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

CHAPITRE SEPTIÈME. 211

feu, qui descend la nuit sur le sein des braves endormis, les gtreint dans ses embrassements, et jeur communique sa rage ; quelquefois aussi, changée en hyène, la Viechtitsa emporte aux bois les petits enfants”. »

Les Monténégrins croient au pouvoir des sorciers et des sorcières (earovnitst viestitché), à l'apparition des morts, aux possessions démoniaques; ils ont confiance dans les talismans et amulettes (zapisi-amanet), consistant le plus souvent en petites cédules pliées, exactement closes et contenant quelque verset de l'Écriture ou une oraison. Celui qui les délivre juge de leur opportunité et de l'usage qu'il en faut faire, par l'examen attentif de la flamme d'un cierge bénit. Ils avalent aussi des papiers enchantés et boivent l'eau qu'ont bénite les sorciers en y plongeant deux cailloux sacrés. Parmi toutes leurs pratiques ou croyances superstitieuses, contentons-nous d’une simple énumération qui en dira plus que toutes les réflexions possibles :

Il faut respecter la présence du serpent dans la maison. Le serpent est de bon augure, car il veille auprès des trésors cachés.

Celui qui, le soir de Noël, garnit sa porte de rameaux de lierre; qui, la nuit de saint Jean, se baigne dans la rosée, ou qui se frotte la poitrine avec de l'huile vierge, est pour toute l'année à l'abri des sorcelleries.

À l'aube de saint George, si l'on souffle dans des sifflets d'écorce de frêne ou de figuier, partout où arrivera le son les sorcières ne pourront nuire.

Sauter à travers les feux que les bergers allument la ville de saint Jean, préserve de la foudre et garantit

1 Les Slaves de Turquie.