Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

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20 LE MONTÉNÉGRO CONTEMPORAIN.

appelle ensuite toutes les bénédictions du ciel sur la maison, sur les personnes présentes et sur les absents, sur les entreprises domestiques et sur les récoltes. Les assistants répondent : « Puisse-t-il en être ainsi. » Alors le père boit à la bouteille, puis la passe à chacun de ses fils et enfin à la mère. A l'exemple de la sainte Vierge, on étend de la paille dans la maison et l'on s’assied pour le repas du soir. Sur la table, fixés dans un pain, brûlent trois petits cierges ornés de lierre, en l'honneur de la Trinité, et à mesure que l’on entame un des mets, on en jette quelque portion sur le feu du badnjak. Quand le souper est terminé, on va crier devant la porte, au bruit des coups de pistolet : « Vive le Gospodar ; pour beaucoup de badnjak ; à tous bonne veillée ».. Et chacun de répondre, qui de sa porte, qui de sa fenétre, en interpellant ses amis et ses connaissances : « Eh! Marco! eh! Juro! eh! Vvo! que le badnjak te porte bonheur ! Bonne veillée ! »

Le feu de Noël doit brûler toute la nuit, et, comme la veillée est de rigueur, à chaque badnjak qui se rompt dans le foyer, il est d'usage d'aller tirer au dehors un coup de pistolet. On laisse ainsi se consumer le bûcher, à l'exception toutefois de l'extrémité du badnjak qui est à gauche du foyer : c'est ce tison qui servira à allumer le feu de la veillée du nouvel an. N'oublions pas qu'il faut bien se garder de passer sur le badnjak ; celui qui le fait mourra dans l’année.

Les gens fervents passent une partie de La nuit à l'église; puis, à l'issue du long office qui dure de minuit jusqu'au matin, et quand le vladika ou le pope a fait entendre les solennelles paroles: « Mir Bogig, Christos se rodi (la paix de Dieu! le Christ est né), on revient