Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

CHAPITRE SEPTIÈME. 291

3 la maison, où commence le festin, interrompu de temps en temps par les danses, les chants, les récits et les détonations de la mousqueterie.

L'usage veut aussi que pendant toute la journée pavents et amis se visitent sans facon, et la bienséance exige que dans chaque maison on mange, on boive largement à la table ouverte à tout venant. Le premier visiteur qui se présente le matin est prié de frapper avec son bâton sur le feu du badnjak, ct il dit en même temps : « À vous autant de chevaux, de moutons, de vaches, que le badnjak a donné d’étincelles! » Suivant que l'accent avec lequel il prononce ces paroles est plus ou moins affectueux, la famille en tire un augure plus ou moins favorable.

A Tsettinjé, le prince lui-même, après avoir reçu chez lui, à sa table, tous les personnages qui l'ont accompagné à l'office de la nuit, commence en nombreuse compagnie la tournée de sa capitale, accordant à toutes les maisons un peu considérables l'honneur de le recevoir quelques instants. Aussi, c’est à qui dressera la table la plus somptueuse, au milieu de laquelle figure invariablement le porc ou le mouton rôti, dont la tête repose sur un gros pain et qu'à grands coups de yatagan on taille en quelques instants.

La gaieté s'épanouit en proportion du nombre de ces séances gastronomiques , les vivats retentissent partout, aucun pistolet ne reste muet et le jour finit dans la plus complète allégresse.

Pendant trois jours le sol des habitations doit conserver la paille emblématique ; mais plus vif et plus long se garde le souvenir de la fête au festin prolongé, entre les parentset les amis, quelquefois pendanttoute une semaine.