Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

CHAPITRE SEPTIÈME. 233

pain aux aveugles et aux estropiés, tels que le chalumeau rustique, divers genres de flageolet, la tambura, sorte de guitare où plutôt de mandoline portant deux cordes métalliques, et la dipla ou cornemuse, composée de deux roseaux percés de trous, auxquels est adaptée une outre gonflée d'air.

Aucun acte de la vie monténégrine n’a conservé, au{ant que les fiançailles et le mariage, le cachet des mœurs du passé et l'abondance ainsi que la singularité des détails symboliques. Nous compléterons donc cet aperçu des coutumes du pays par le récit des cérémonies que l'hyménée ramène toutes les fois qu’il rallume son flambeau chez le peuple de la Montagne-Noire. D'après un usage très-ancien au Monténégro, les familles se chargeaient très-fréquemment d'organiser entre elles des alliances, dans lesquelles la volonté des futurs conjoints n’entrait absolument pour rien. C'était en effet quelquefois dès leur naissance, ou même dans l'éventualité de leur naissance, qu'un garcon et une fille étaient prédestinés à devenir époux un jour. Un intérèt quelconque, ou plus souvent les liens d'une vieille amitié entre deux guerriers, intervenaient seuls alors dans les projets de l'union qui avait pour but de faire passer, des pères aux enfants, les sentiments d'estime réciproques. Mais ces ménages, pour la formation desquels ni les goûts ni les sympathies des contractants n'étaient consultés, ne présentaient souvent qu'une stabilité trèsincertaine, si même ils n’arrivaient promptement à la plus complète discorde, et finalement, grâce aux commodes arrangements de l’orthodoxie, à un divorce régulier, par lequel les conjoints récupéraient à la fois le bonheur et la liberté. La multiplicité de ces demandes

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