Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

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de séparation, n'ayant pas d'autre motif que l’incompatibilité d'humeurentre des gens engagés dans des liens qu'ils n'avaient point recherchés, décida les derniers chefs du gouvernement à mettre autant que possible obstacle à ces imprudentes conventions de famille, et à exiger l'accord parfait des fiancés pour la célébration du mariage.

Aujourd’hui, quand un jeune homme a fixé son choix sur une fille, il en fait part aux membres les plus respectables de sa famille, lesquels devront se rendre euxmêmes à la maison de celle dont on brique la main, pour adresser aux parents la demande en mariage. Un refus est chose rare. Le temps n’est plus où, lorsqu'une jeune fille rejetait le parti qui lui était offert, le concurrent évincé, rassemblant quelques compagnons, cherchait à la surprendre, puis, de gré ou de force, l’entraînait chez un pope dont la bénédiction n’était point difficile à obtenir. Quelquefois même, par suite d'habitudes contractées dans les luttes contre les infidèles, le rapt avait lieu, alors même que la fille avait accordé sa main, et que les parents avaient eux-mêmes donné leur consentement à l'union projetée. Quand tout, au contraire, se passe dans les règles, les délégués chargés de la demande, ou proszci, pourvus d’abondantes provisions, se rendent chez les parents de la fille dont ils demandent la main soit pour leur fils soit pour leur ami; puis lon se met à table, et, si l'accord a lieu, on pose verbalement, au milieu des libations, les premières conditions d’un contrat. Le père réclame alors un certain délai pour bien examiner les propositions et consulter sa fille, puis fixe le jour où les proszci pourront venir recevoir une réponse définitive. À l’époque indiquée les délégués re-