Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

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journées entières que Spalato demande à l'étranger, désireux de s'initier à tous les détails des merveilles qu’elle va exposer à ses yeux. C’est Le temple de Jupiter, devenu cathédrale, avec ses colonnades circulaires, sa haute coupole et son immense péristyle aux colonnes corinthiennes dont quelques-unes sont encore presque intactes ; c'est le temple d'Esculape et le campanile de Teverde, puis la vieille ville avec ses hautes maisons semblables à des geôles et ses ruelles tortueuses ; le nouveau Spalalo avec ses riches constructions et sa grande rue en arcades ; les deux ports, et Salona, l'antique capitale du pays, aujourd'hui village obscur, auquel on a ravi jusqu’à ses ruines, derniers vestiges de sa grandeur évanouie.

En quittant Spalato on ne tarde point à s'engager dans le large canal qui s'étend entre Brazza et le continent. Les côtes grisâtres, arides, mais mposantes, surtout du côté de la terre ferme, où le Vellebich étend au-dessus d'elles la ligne majestueuse de ses sombres crêtes, sont coupées de temps en temps par des baies plus ou moins profondes. L'une d'elles s'enfonce entre deux montagnes taillées à pic, comme si la mer eût soudain trouvé sa voie à travers les rochers, offrant à la fois un coup d'œil pittoresque et grandiose. C'est Almissa, ce nid de pirates, d'où s’élançaient, aux douzième et treizième siècles, de hardis malfaiteurs, pillant et rançonnant les pèlerins et les marchands que l'ardeur de la foi ou l'amour du lucre avaient entrainés vers l'Orient. Souvent les Vénitiens avaient en vain tenté de réduire ces ennemis acharnés de leur commerce et de leurs navires, mais la configuration de leur inexpugnable repaire, dont les Almissins avaient encore augmenté la sécurité et la force naturelle, en construisant à son entrée une mur