Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

CHAPITRE HUITIÈME. 247

raille cachée dont seuls ils connaissaient le passage, rendait impuissantes les tentatives dirigées contre eux. Les bateaux-pirates d'Almissa sortant de leur rivière, apparaissaient subitement au détour des rochers ou trouvaient instantanément derrière ceux-ci un refuge assuré. Pourtant Venise devait venir à bout de ces forbans, et le lion ailé qui se dresse sur les murs d'Almissa est encore là pour l’attester aujourd'hui.

Près de la côte s'élève sur la pointe d’un rocher une sorte de château-fort, au pied duquel sont groupées les maisons de la petite ville : c’est le château de Mirabella. À peu de distance d’Almissa s'ouvre le petit port de Macarsca, d'où part une route par laquelle on peut en cinq jours, en passant par Mostar, se rendre à Serajevo, le chef-lieu du gouvernement de la Bosnie.

Sans s'arrêter à Almissa dont l'importance aujourd'hui est tout à fait nulle, le steamer touche à Milna, capitale de l'ile de Brazza; puis, contournant la côte méridionale de celle-ci, il atteint, à travers les îles Spalmadores qui en protégent l'entrée, la jolie baie de Lésina, au fond de laquelle s'élève la ville du même nom dominée par une grande et belle forteresse. En allant de Lésina à Corzola, on laisse dans l’ouest l’ile célèbre de Lissa, dans les parages de laquelle eurent lieu, en 1811, un combat entre les escadres anglaise et française commandées par Hoste et Dubourdieu, et, en 1866, la grande bataille navale où fut à demi détruite par les Autrichiens la flotte italienne. Après Austerlitz, Lissa

1 La Cettina, qui prend sa source dans les Alpes Dinares, sur les confins de la Bosnie, et, après un long cours vers le sud, reprend son trajet en sens contraire pour déboucher enfin dans la mer, en face d'Almissa.