Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

x L? CHAPITRE HUITIÈME. 253

De Risano on peut se rendre en six heures à Grahovo, en passant par la forteresse autrichienne de Dragaï ; aussi la ville fait un certain commerce avec les Monténégrins.

En reprenant la direction dont on s'est éloigné pour toucher à Risano, on passe devant les deux îlots de SaintGeorges et de la Madone-du-Scapulaire. Le premier fut attaqué et pris par les Monténégrins en 1806, contre la volonté des Anglais qui leur en gardèrent rancune: le second possède un couvent où l'on conserve le portrait de la Vierge, peint, suivant la tradition, par saint Luc : c'est un lieu de pèlerinage très-fréquenté. Perasto, avec son gracieux promontoire ; Stolivo, avec la grande flèche de son église; Dobrota, le plus riche village des Bouches, et enfin Perzagno défilent tour à tour avec leurs riantes maisons , les unes se baignant dans la mer, les autres s'étageant aux flancs des collines. C'est un panorama sans cesse renouvelé de villas, de jardins, de terrasse et de bosquets; c'est l'olivier, l'oranger, le citronnier étendant partout leur vert feuillage, et mêlant à la brise marilime leurs enivrants parfums. Mais bientôt, dominant ces ravissants paysages ef cette ligne de verdure qui forme autour de chaque baie comme un frais collier, des montagnes de plus en plus hautes, de plus en plus grises et dénudées, effroyables quand l'orage vient étendre sur elles un manteau de sombres nuages, se dressent de toutes parts. Une dernière baie s'étend devant la proue du navire; une ville apparaît comme perdue, écrasée au pied d'une gigantesque muraille de rochers perpendiculaires, formant autour d'elle une sorte de cirque immense : c’est Caltaro, et, là-haut, à perte de vue audessus d'elle... la Montagne-Noire.

La traversée complète des Bouches , avec ses nom=

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