Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

CHAPITRE HUITIÈME. 265

d'une croix. C'est un mausolée consacré à la mémoire d'un parti de montagnards des Drobniak qui, pendant la guerre de 1862, avaient passé la frontière de Serbie pour y chercher des armes et des munitions qui leur étaient promises. Arrêtés dans leur entreprise par des considérations politiques auxquelles la gouvernement de Belgrade devait céder, on leur offrit de regagner par l'Autriche le Monténégro. Mais un certain nombre d’entre eux, qui n'hésitèrent point à tenter l'aventure à travers les lignes ottomanes, trouvèrent la mort dans cette héroïque expédition de retour. Un peu plus loin et tout à fait appuyé à la montagne, on aperçoit un bâtiment neuf, à un étage, et percé de multiples fenêtres : c’est l'hôpital, dont la création, décidée en 1871, est restée jusqu'à ce moment sans effet, l'argent manquant pour l'exploitation et, d'autre part, les Monténégrins, fanatiques de leur liberté et pleins de confiance dans leur propre médecine, se souciant fort peu de s'emprisonner dans un hpspice, pour y mourir peut-être loin de leur famille et de leurs amis.

A un demi-siècle de distance, le vieux monastère de Tsettinjé représentait à peu près à lui seul toute la capitale du Monténégro. Vers 1850, une vingtaine d’habitations, dont deux seulement méritaient le nom de maisons, s'étaient déjà groupées auprès du palais en forme de grand couvent que s'était construit le vladika Pierre I, et constituaient ainsi le premier noyau d'un village. Quand nous y arrivâmes nous-même en 1868, le village, considérablement agrandi, prenait déjà, par son tracé régulier, Paspect d’un bourg : on pouvait y compter environ soixante-dix maisons, la plupart couvertes en chaume. Dès l'année suivante, le développement de la