Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

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petite capitale, encouragé par le prince lui-même, s'accentua de plus en plus, et actuellement Tsettinjé, en dehors de ses deux anciennes et si longtemps uniques rues, se réunissant comme les deux branches d'un E, en compte sept ou huit autres presque entièrement construites !. Sa population fixe est d'environ six cents âmes, mais journellement il y arrive et il en part beaucoup de gens des uahies éloignées, appelés au chef-lieu du pays, soit dans un but commercial, soit pour la discussion des causes judiciaires déférées au Sénat. À la moitié de la longue rue par laquelle nous sommes entrés dans la capitale, on rencontre une petite place au centre de laquelle est un puits, ombragé par un grand miürier et ouvert seulement deux fois par jour, sous la surveillance du capitaine de place, sorte d'agent préposé à la police. On ne peut y puiser que l'eau strictement nécessaire pour la boisson. À droite de la place s'ouvre une large rue, au milieu de laquelle est le nouveau palais construit par Nicolas I. À l'extrémité de la rue principale, et perpendiculairement à celle-ci, se trouve l'auberge des étrangers, grande construction élevée en 1867 aux frais du gouvernement, mais dans le mépris le plus absolu de toutes les exigences du confortable le plus élémentaire; à la fois sale et incommode, presque toujours déserte, et plutôt faite pour répondre aux besoins d'une école ou d'un tribunal, qu'à ceux d’une auberge quel-

1 Depuis 1870, on a inferdit à Tsettinjé l'emploi du chaume dans les toitures ; l'habitude des feux à ciel ouvert dans toutes les habitations en rendait, en effet, l'usage très-dangereux dans un centre où les maisons sont agglomérées ; mais les Monténégrins ont eu beaucoup de peine à se résoudre à employer les tuiles, qui leur reviennent très-cher, celles dont on fait usage à Tsettinjé étant apportées à dos de femmes ou de mulets de la nahia des Bielopavitj.