Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

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partie, les pouvoirs illimités et les actes sans contrôle jusqu'alors du gospodar. Aux yeux de ses sujets, celuici n’a pas besoin, du reste, d'affirmer ses prérogatives; car, ni parmi les grands, ni parmi le peuple, personne n'oserait manifester une opposition quelconque au chef respecté, dans la personne duquel on continue de voir le successeur des saints vladikas. Et quel pouvoir autocralique pourrait être comparé à celui de ce prince, qui, il y a quelques années encore, non content de commander à tous, recevait aussi les revenus de l'Église et de l'État, ct, après avoir payé ses employés, pouvait, sans aucun contrôle, disposer de l'argent du peuple? Rien de plus simple que le fonctionnement gouvernemental du pays à l'intérieur, le prince correspondant directement avec tous ses employés, et s’abouchant journellement avec les derniers d’entre eux. À part l'assemblée populaire (skouptchina), laquelle encore n’a lieu que dans les grandes circonstances (alors, par exemple, qu'il s'agit d'apporter quelque changement à la constitution), pas de chambres pour discuter interminablement des lois, qu'ici le souverain conçoit, propose, promulgque presqu'en même temps; pas de ministres avec qui compter, car les titulaires de ces hautes et nouvelles fonctions, tous créatures dévouées, ne sauraient entrer en ligne de compte dans les décisions du maitre: aucune de ces administrations si compliquées, où la paresse du personnel n’a de comparable que son inutilité: aucune de ces perceptions lucratives qui dévorent l'impôt, sous le prétexte de le mieux percevoir. Nul fonctionnaire ne pouvant se prévaloir de son inamovibilité, tous ont intérêt à obéir passivement, de sorte qu’en un mot on peut dire que la volonté du pays tout entier n’est que l'expansion