Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

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et des périls de la position d'un prince qui, obligé de compter avec les vieilles haïnes nationales, comme avec les aspirations orgueilleuses de son peuple, ne saurait se jeter dans les bras de ces deux puissances, dont la première fut et restera à jamais la mortelle ennemie des Monténégrins, tandis que la seconde, à tort ou à raison, est devenue l’objet de leurs méfiances.

Hostile à toute espèce de sujétion, le prince Nicolas ne saurait se plier à la régularité d’un chef d'État recevant à certaines heures son conseil, ses aides de camp, ses secrétaires. Le jour, la nuit, les heures semblent au contraire se confondre pour lui, et il se plaît souvent à traiter au milieu de la nuit une affaire dont il avait pendant tout le jour le loisir de s'occuper.

Pour compléter ce qui a rapport au chef du gouvernement monténégrin, ajoutons qu’en suite des réformes dues à la constitution de 1868, la liste civile du prince a été limitée au chiffre de 6,000 ducats autrichiens (70,500 fr.), sur lesquels il avait même primitivement à prélever les appointements d’un certain nombre d'employés particuliers. Mais, dès 1869, l'État a pris à sa charge cette dépense accessoire, de façon à laisser au prince pour l'entretien de sa maison, la disposition complète de sa liste civile.

Immédiatement au-dessous du pouvoir du gospodar apparaissait, il y a quelques mois encore, le sénat

. Cattaro, que les Tsernogortses réclament comme l'héritage de leurs ancêtres, quoïiqu'ils aient perdu cette place depuis 1443. Il est certain que voir de tous côtés la mer battre le pied de sa montagne sans pouvoir en approCher doit causer quelque irritation à ce petit peuple, surtout s'il se sous vient que la mer dont il entend les houles mugir est cette riche Adriatique dont le littoral délicieux produit à la fois la figue et l'orange, la vigne € lolive. » (Les Slaves d'Orient, t. 1.)