Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

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Les mêmes revenus servent à assurer l'exercice du culte, aussi bien à l'évêché que dans les églises et les pauvres monastères de la principauté.

Le petit nombre des moines ne saurait suffire à peupler ces derniers, presque tous déserts ou desservis par des popes ordinaires. Ceux-ci, du reste, pullulent en quelque sorte dans le pays, où l’on en compte au moins quatre con plus ignorants les uns que les autres, ou tout au moins bornant leur savoir à la lecture des livres liturgiques en vieux slave et à la célébration des offices. On les reconnaît au port de la barbe entière , plus qu’au vêtement ecclésiastique dont ils s’affranchissent le plus souvent : en dehors de leurs fonctions ils portent, en effet, presque toujours le vêtement monténégrin, ef même les armes à la ceinture. Mikiewicz a dit à ce sujet, avec une grande vérité : « Il n’est pas rare de rencontrer un prêtre maitre d’auberge, qui vend du vin et qui chante des poésies sur la guzla. Le prêtre ne diffère en rien ni dans ses mœurs, ni dans ses habitudes, ni même dans son costume, d’un paysan monténégrin. » Il est à croire que des abus sérieux: dans ce genre avaient eu lieu, car un mandement du vladika dut interdire, en 1864, aux popes non attachés au ministère, de porter l'habit ecclésiastique et de laisser croître leur barbe.

Le recrutement du sacerdoce se faisait il y à quelques années encore de la façon la plus déplorable ; l'ignorance des popes répondait à l'ignorance du peuple. Mais à la suite du voyage en Russie du prince Nicolas, des fonds annuels furent accordés par le tsar pour la création d'un séminaire (bogoslavia), auquel on affecta une partie des

généralement de 6 à 7,000 francs et se sont élevées quelquefois jusqu'à 9 et 10,000 francs.

Pme