Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

CHAPITRE DOUZIÈME. 363

tendre un de ces appels à la guerre sainte qui retentirent si souvent sous les voûtes du vieux monastère. Suivant Je rite orthodoxe, le prince ässiste debout aux plus longs offices, donnant lui-même l'exemple du recueillement ; et, pour qui fait un retour vers le passé, c’est un specta- cle curieux que celui de ces deux pouvoirs se retrouvant un instant en face, dans ce temple où ils étaient, il y a si peu de temps encore, entièrement confondus. Le vladika seul échappe à l'obligation de baiser la main du prince ; une sorte d'égalité reparait entre ces deux autorités suprêmes dans l'échange de l’accolade ou de la poignée de main qu'elles se donnent réciproquement.

Le moment est venu de dire quelques mots de l'état de l'enseignement dans la principauté, et de constater les progrès réalisés en ce qui le concerne pendant les dernières années.

Jusqu'à Pierre Il, on ne trouve aucun vestige d’instruction publique dans la Montagne-Noire : à ce vladika, à la fois érudit et poëte, revient la fondation de deux petites écoles qui ne tardèrent point à disparaître. Plus tard, son neveu Danilo, sentant, par ce qui lui manquait à lui-même, toute la valeur des connaissances qu'il ambitionnait et recherchait, créa, dans l'intérieur même de son palais, une sorte de petit collége, où il se plaisait à diriger lui-même les études de quelques jeunes gens ap= partenant aux meilleures familles. Nicolas 1‘, malgré tout son désir de donner à l'enseignement une extension en rapport avec les immenses besoins de son pays, n'avait pu arriver jusqu’en 1868 qu'à constituer au monastère de Tsettinjé une sorte d'école normale à deux degrés, dont les modestes ressources ne pouvaient aboutir qu'à former quelques popes un peu moins ignorants