Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

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que les autres, ou à inculquer à des enfants les rudiments de l'instruction primaire. Tout allait heureusement bientôt changer de face. En même temps que la bogoslavia appelait à elle, en 1869, tout ce que la Tsernagore avait de jeunes gens intelligents, quelques maîtres venus des pays serbes étaient envoyés dans les diverses nahie pour y ouvrir des classes, en attendant que l’école supérieure de Tsettinjé pût fournir à l'enseignement ceux de ses élèves qui n'opteraient point pour le sacerdoce Enfin, le travail et l'admirable persévérance de Milan Kostitj eurent pour résultat de former en trois années plus de quarante maîtres d'école, d'un savoir supérieur à tout ce que l'on avait vu auparavant dans la principauté, et de porter jusqu'aux extrémités de la Tsernagore le trésor de l'instruction dont on était si {totalement privé. À ce moment, pas un village un peu considérable du Monténégro ne manque de sa maison d'école, où filles et garcons acquièrent avec la facilité surprenante, qui tient à la merveilleuse intelligence de cette race; une instruction dont, il y a quelques années, ils ne sentaient pas le besoin, et qu'aujourd'hui ils semblent réclamer à grands cris. Il a fallu s'ingénier pour permettre au budget d'entretenir ces nouveaux employés que l'on voulait attacher à leur ministère par de réels avantages; et, par de sages combinaisons, on est arrivé à leur assurer un traitement progressif pouvant s'élever jusqu'à cent vingt talari ‘, somme considérable dans un pays où les sénateurs savent se contenter d'émoluments presque aussi modestes. Avant dix années on ne saura trouver en

1 600 francs, auxquels il faut ajouter l'avantage d'un logement et : droit de chauffage aux frais des familles dont les enfants fréquenten l'école,