Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

CHAPITRE QUATORZIÈME. 403

saint vladika rappelle au peuple ses devoirs sociaux et ses obligations envers l'État, et recommande la concorde entre des chefs si souvent armés par la haine ou divisés au moins par de jalouses rivalités.

Un demi-siècle plus tard, nous verrons Danilo I* parler un langage plus sévère et frapper à plus grands coups sur les abus existants. Son Code, publié le 23 avril 1855, s'inspire à la fois de celui de son prédécesseur, des coutumes anciennes du pays ef, jusqu’à un certain point, des principes consacrés par la révolution francaise, alors qu'il proclame l'égalité de tous devant la loi et l'inviolabilité des droits de tout citoyen. Gomme Pierre I*, le prince Danilo fixe aux juges leurs devoirs et leurs prérogatives, et institue une pénalité spéciale contre les magistrats prévaricateurs. IL châtie violemment toute infraction aux obligations que le Monténégrin doit remplir comme soldat envers son pays, et réprime cet abus du droit d'asile dont bénéficiaient trop souvent les coupables. Il s'attaque au brigandage, alors même qu'il s'exerce contre les Tures et enchaine les Tchetas par la menace des restitutions. Le meurtre est enfin puni de la peine du talion, et son auteur est abandonné à la justice sommaire de tout Monténégrin, s'il a pu temporairement échapper aux atteintes de la loi. Les blessures, le meurtre accidentel, les cas de défense légitime sont nettement spécifiés, et le duel, bien que permis, perd tout son atrait de mise en scène par la défense imposée aux parrains d'y assister. Les droits de vente et de partage, ceux de dotation et d'héritage sont bien définis ; l'impôt apparaît comme un devoir sacré auquel aucun citoyen ne saurait se soustraire. Les popes sont rappelés à leurs fonctions ; un frein est imposé au divorce