Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

38 LE MONTÉNÉGRO CONTEMPORAIN.

l'Herzégovine s’avancent sur Piéchivitsi et les Biélopavit, et débarrassent l’Albanie d’une partie des montagnards qui la menacent. Mais un moine du nom de Goïko Piper, arrive sur ces entrefaites auprès de Voukasovitch, lui annonçant que les Biélopavitj ont l'intention de se livrer aux Turcs. Dans son trouble, le major autrichien ne songe qu'à écrire tout de suite au vladika, le conjurant d’accourir pour parer à ce danger suprême. Pierre et les chefs qui l'avaient suivi à Staniévitchi se rendirent tout de suite à Tsettinjé et de lä/dans les Biélopaitj, et par leur présence rendirent bientôt le courage à tous. Les Monténégrins et les Berdjani réunis allèrent jusqu’à mettre le siège devant Spuz, mais dépourvus du matériel nécessaire, ils ne firent du mal à l'ennemi qu’en repoussant ses fréquentes sorties. Voukasovitch voyant que les choses traînaient autant en longueur, et que les Latins en Albanie ne voulaient pas prendre parti pour les alliés de la Russie, apprenant aussi que les armées impériales n'avaient encore remporté aucun succès, fit lever le siége de Spuz et regagna le Lovchen , sous le prétexte d'y faire reposer ses gens. Mais quelques jours après il redescendit avec ceux-ci à Cattaro, sans avoir annoncé son projet de retraite, et se rembarqua immédiatement.

Pendant le séjour de Voukasovitch au Monténégro, y était également venu le colonel russe comte Marco Yvelitch, origmaire de Risano, porteur de diverses lettres de l'impératrice Catherine adressées à tous les peuples d’origine slave, Monténégrins et autres, pour les pousser à la guerre contre les Tures. Ce fut à l’instigation d'Yvelitch que les Trebichiani, qui devaient être secondés par le gouverneur Yoko Radonich, à la tête de deux mille Monténégrins et Berdjani, tentèrent seuls une attaque infructueuse contre Niksitch, et virent leur propre pays ravagé ensuite par les Tures, et leurs familles dispersées dans les Biéloparit). Toujours à court de munitions, Pierre envoya à Vienne en 1790 quelques chefs accompagnés de son secrétaire l'abbé Dolci, pour obtenir des secours de l’empereur Joseph IT; mais celui-ci venait de mourir quand ils arrivèrent, et LéopoldIl,