Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

INTRODUGTION HISTORIQUE. 31

parti austro-russe, Kara Mahmoud de Scutari; et à cet effet il lui fit des ouvertures qui furent bien accueillies.

A cette nouvelle la cour de Vienne chargea un envoyé, du - nom de Bruniard, de se rendre à Sculari pour remettre à Mahmoud des cadeaux précieux el cinq mille ducats. À son passage au Monténégro, on essaya de dissuader prupia de remplir sa mission, sous le prétexte 1rès pauses qu il ne fallait point se fier à la parole d’un Turc; mais en dépit de tout, il partit avec plusieurs officiers pour Scutari, où il recut du pacha l'accueil le plus flatteur et même des cadeaux pour sa suile et pour l'empereur Joseph IL. Ils s’en revenaient tous enchanlés du résultat de leur mission, quand, arrivés près de Séotsé, sur le lac de Scutari, non loin de la Tsernitsa, les Turcs qui les reconduisaient les assassinèrent, d'après l'ordre du visir, et rapportèrent en même temps à Mahmoud leurs têtes, leurs vêtements, les lettres et les cadeaux dont ils étaient porteurs. De tous les officiers autrichiens venus au Monténégro, Voukasovitch seul restait; mais le vladika ne pouvant s'entendre avec lui se retira au monastère de Staniévitchi, laissant à l’envoyé de Joseph II presque une autorité suprême.

Celui-ci voulail entrainer les Berdjani à prendre aussi les armes , et ils auraien répondu à son désir, s’ils n’eussent appris son différend avec le vladika. À cette nouvelle au contraire, ils déclarèrent qu’ils ne brüleraient pas une cartouche sans l’ordre de leur chef légitime, de sorte que Voukasovitch se vit obligé d'écrire très-humblement à Pierre, le priant de vouloir bien lui faire parvenir des lettres adressées à chaque nahie en particulier pour l'inviter à combattre. Le vladika acquiesca à ses désirs et écrivit même des lettres très-pressantes auxquelles personne ne songea à résister. Monténégrins et Berdjani ayant donc recu de Voukasovitch des munitions, s’élancèrent sur les confins d'Albanie, bloquant les Turcs dans leurs forteresses. Le vizir de Scutari lève des troupes et se jette alors sur les Piperi ; mais les Koutchi le forcent de se retirer sur Spuz et de là sur Scutari. À ce moment quelques troupes turques venues de